De l’économie linéaire à l’économie circulaire, les actions de 45 startups, 45 grands groupes et 10 institutions, membres du Club Circul’R
Pour accélérer cette transition, Circul’R a lancé le Club Circul’R, en partenariat avec le Ministère de la Transition écologique. Le Club Circul’R est constitué de 45 grands groupes (SNCF, L’Oréal, Sodexo…), 45 startups (Murfy, Zack, Plastic Odyssey…) et 10 institutions (Citeo, Ecosystem, ESSEC, ESCP…) engagés sur les enjeux de l’économie circulaire, qui se réunissent quatre fois par an pour partager les bonnes pratiques et amorcer des partenariats vertueux.. Jeudi 3 février 2022, le Club s’est rassemblé au Village by CA Paris : 100 personnes ont pu échanger sur les dernières actualités et découvrir de nouvelles solutions innovantes. Une matinée passionnante, qui nous donne l’occasion de vous parler de l’économie circulaire, du chemin à parcourir pour y arriver, et des acteurs qui ont décidé de nous mener sur cette voie.
L’économie circulaire vise à limiter le gaspillage des ressources et l'impact environnemental, en augmentant l'efficacité à tous les stades de l'économie des produits. La startup Circul’R accompagne les organisations dans leur transition vers un modèle économique respectueux de l’humain et de l’environnement.
Matthieu Witvoet, animateur du club sur la scène, pose directement la question : « Qui se sent engagé dans la transition vers une économie circulaire ? ». Voilà ce qui rassemble tous les membres présents ce matin : la volonté de lever les freins pour activer ce modèle d’économie. Et nous, nous avons décidé d’écrire cet article pour vous partager aussi à vous, écosystème du Village by CA Paris, ces tendances et ces bonnes pratiques très éclairantes !
Les thèmes de la première séance 2022 : éco-conception, bioplastiques et métaux
L’écoconception, par Vincent Colard, responsable R&D et écoconception chez Citeo, qui vise à réduire l'impact environnemental des emballages et papiers, en les transformant en nouvelles ressources :
Son discours débute par une bonne nouvelle : l’accord pour lutter contre les déchets abandonnés pris la veille du club par l’Assemblée des Nations Unies pour l'environnement (ANUE) (source). Nouvelle qui fait le lien avec l’écoconception, dont le but est de réduire l’impact environnemental d’un produit, d’un service ou d’un emballage.
"Par exemple, grâce à l’écoconception, on est passé des barquettes de biscuits en plastique noires à des barquettes transparentes, pour un meilleur recyclage. On a aussi appris à compresser les bouteilles de déodorant, ou on a conçu des bouteilles de lait en plastique recyclé grises, puisque les bouteilles de lait classiques, blanches à l’extérieur, ont une couche noire à l’intérieur.", Vincent Colard
L’écoconception en 5 étapes :
- Il faut commencer par la prévention et lutter contre le suremballage.
- Puis choisir les bons matériaux sur lesquels on va travailler. Notamment, la loi AGEC impose des emballages recyclables d’ici 2030. C’est donc un vrai challenge de créer de nouveaux matériaux aujourd’hui, car il faut inventer aussi toute la filière de recyclage. Par exemple, on met 400 millions de kilos de bouteilles plastiques sur le marché en France par an, dont 400 kilos se retrouvent dans la mer : c’est un ratio très élevé.
- Ensuite, on analyse la faisabilité industrielle économique.
- Après cette phase industrielle, on lance la solution sur le marché.
- Et enfin, il faut accompagner cette mise en marché de l’innovation.

Le sondage plastiques, par Kevin Chen, directeur conseil de Circul’R, sondage exclusif en partenariat avec Appinio :
"On a voulu s’intéresser aux préoccupations qu’ont les Français sur la dégradation de la nature. Sans surprise, on a sur le podium la pollution plastique, la pollution atmosphérique et la pollution des sols. Résultats qui reflètent les récents articles scientifiques sur les limites planétaires. En particulier, sur les plastiques, une équipe de chercheurs a publié en 2020 dans Nature (revue scientifique de référence) une quantification du stock de plastique sur Terre : il y a 2 fois plus de plastique (8Gt) que d’animaux (4Gt). Les idées des consommateurs pour résoudre ce problème sont la réduction des emballages, la collecte, le tri et le recyclage. On voit donc que les alternatives au plastique conventionnel sont moitié moins plébiscitées. Comme par exemple, les bioplastiques, qui pourraient être également solution…", Kevin Chen

Nathalie Gontard, Directrice de recherche à l’INRAE - Quelles sont les pistes prometteuses sur les bioplastiques ? :
Actuellement les outils dont nous disposons ne permettent pas d’évaluer tous les impacts des plastiques. La recherche n’a pas suffisamment de recul sur les effets car la décomposition des plastiques peut prendre plusieurs milliers d’années. La dangerosité du plastique intervient en effet sur le très long terme. Or, nous avons une accumulation de ces plastiques dans tous les compartiments de notre environnement : terres, eaux et air. Et même si le matériau a été recyclé, il ne disparaît pas pour autant. Le plastique est le seul à se comporter de cette façon, les autres matériaux ne présentant pas de dangers majeurs car ils réintègrent les cycles biogéochimiques.
Les bioplastiques sont des alternatives encore peu connues. Le meilleur recyclage sur terre est le recyclage organique du carbone fait par la nature. Un bioplastique est aujourd’hui bio s’il est biosourcé (issu de la nature) ou biodégradable (capable d’être réabsorbé par notre écosystème, comme par exemple le carbone). Le réel danger étant l’accumulation des déchets, le biosourcé n’est donc pas ce qui est le plus apte à répondre à nos problèmes actuels.
Le biodégradable est le plus intéressant. Cependant, l’Europe a inclus dans cette définition des matériaux qui ne sont biodégradables que lorsqu’ils sont portés à haute température, ce qui n’est possible qu’en condition industrielle. Pour que le biodégradable ait un intérêt réel, il faut donc qu’il le soit en condition naturelle, pour ne pas s’accumuler dans notre environnement sur le long terme.
"La solution : n’utiliser le matériau que lorsqu’il est indispensable, tout en faisant attention qu’il soit biodégradable en milieu naturel. Donc on ne peut pas se contenter de mettre en place de grandes filières de recyclage. Il faut aussi réfléchir aux matériaux qu’on utilise.", Nathalie Gontard

Guillaume Pitron, journaliste spécialiste de la géopolitique des matières premières et auteur de La Guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique et de L’enfer du numérique - Voyage au bout d’un Like :
La numérisation a été accélérée par la crise sanitaire, qui a fait basculer notre vie en ligne. Ce sont des bienfaits économiques et sociaux, mais on a parfois la perception que le numérique ne va pas avoir d’impact sur la planète. Pourrons-nous prospérer de cette manière ?
"Que se passe-t-il vraiment quand j’envoie un like ? Le like part du téléphone vers une antenne 4G, chemine dans une paire de fils le long d’un immeuble, sous les trottoirs, passe par plusieurs câbles, terrestres puis sous-marins, la plupart du temps jusqu’aux États-Unis, jusqu’à un centre de donnée (ceux de Facebook se situent par exemple dans l’Oregon), et chemine à nouveau jusqu’aux téléphones portables du monde. Le tout à 300 000 km/s.", Guillaume Pitron
Pour toutes les actions en ligne, des emails aux swipes sur les réseaux sociaux, cela engage des infrastructures terrestres, sous-marines, spatiales… Pourquoi tout le monde ne le sait-il pas ? Comment un téléphone portable qui peut être beau et neuf, peut être "sale" à la fois ?
"Le graphite, par exemple, est un métal indispensable dans le téléphone portable, il s’extrait de la montagne. Cela entraîne une pollution de l'air et de l’eau. Nos vies virtuelles nécessitent des ressources matérielles. Et plus il y a du virtuel, plus il y a de matériel. Il faut toujours plus de métaux pour porter sa puissance, sa performance. Toujours plus de matière première pour un monde dématérialisé. Rien n’est virtuel, tout est matériel.", Guillaume Pitron
Pour pouvoir en permanence surfer sur la toile, il existe 3 millions de Data Centers sur Terre. Le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre, alors que les avions en représentent 2,5%.
"Les solutions : rallonger la durée de vie de nos équipements numériques (qui représentent aujourd’hui 80% de la pollution numérique), consommer du contenu au maximum en wifi plutôt qu’en 4G ou 5G (ce qui demande 23 fois moins d’électricité), éteindre sa box Internet le soir… Et réfléchir au modèle actuel économique d’Internet. Sa gratuité est-elle toujours logique ? Quelle priorisation des usages ? Ou par exemple, quel est l’impact écologique du bitcoin au regard du gain économique qu’il nous apporte ?...", Guillaume Pitron

Présentation sur scène de 3 startups engagées
Comment partir en randonnée avec son sac upcyclé, comment éviter le plastique jetable dans la restauration, et comment passer à un équipement numérique plus responsable au travail ? 3 fondateurs et fondatrice de startup ont présenté leurs projets, au regard des interventions qui viennent d’avoir lieu.
- La Virgule, illustre les principes d’écoconception et d’upcycling.
- Pandobac, lutte pour réduire les 3 000 000 d’emballages alimentaires en plastique qui sont jetés chaque jour en France.
- Rzilient, s'occupe d’équiper les collaborateurs avec du matériel informatique reconditionné.

Aller plus loin : la plateforme Circul’R et l’initiative EC2022
Pour centraliser l’information sur l’économie circulaire, trouver les bonnes solutions auprès des bons acteurs de l’économie circulaire et changer notre façon de faire du business, Circul’R lance la plateforme Circul’R.
Enfin, le temps de parole consacré aux enjeux environnementaux dans le cadre de la campagne présidentielle est de 2,7% pour le mois de février. Pour faire en sorte que les enjeux environnementaux émergent plus fortement dans les débats, Circul’R a aussi réuni 150 acteurs de l’écosystème de l’économie circulaire au sein du collectif EC2022 : chercheurs, entreprises, startups, associations avec une mission principale : faire de l’économie circulaire un pilier des programmes des candidats à l’élection présidentielle : EC2022.org.